« La torréfaction de la biomasse est une solution novatrice pour les entreprises qui veulent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et leurs coûts de fonctionnement », explique Sylvain Bertrand d’Airex Énergie, qui s’est récemment vu octroyer des fonds de 2,7 millions de dollars afin de bâtir une usine-pilote de torréfaction de la biomasse à Laval, au Québec. Cette matière carboneutre pourrait remplacer le charbon bitumineux et le mazout dans les applications de combustion, de filtration et de métallurgie.
La torréfaction est un procédé de carbonisation contrôlée lors duquel la biomasse est chauffée à haute température, avec une quantité d’oxygène faible ou nulle. La biomasse est ainsi transformée en une substance s’apparentant au charbon – appelée charbon vert ou bio-charbon – qui peut être moulée sous forme de granules et brûlée pour produire de l’énergie.
Des études donnent à penser que par rapport à la biomasse conventionnelle, le charbon vert fournit jusqu’à 40 p. 100 plus d’énergie par unité de masse. Ses caractéristiques hydrophobes font en sorte qu’il résiste à la pourriture, et il peut être torréfié à partir d’une variété de matières biologiques, y compris l’écorce, le bois recyclé et les déchets agricoles. En outre, parce qu’il possède les mêmes propriétés que le charbon, le charbon vert ne nécessite pas d’infrastructure différente lors de son utilisation.
M. Bertrand mentionne qu’Airex Énergie, qui est une division d’Airex Industries Inc., un fabricant de systèmes de dépoussiérage à usage industriel et un Leader du PEEIC dans le
Secteur de la fabrication générale, a déjà mis au point la technologie brevetée CarbonFX, une unité-pilote de torréfaction qui produit 250 kilogrammes (kg) de charbon vert par heure. La cimenterie de Colacem Canada Inc. située à Grenville-sur-la-Rouge, au Québec, a notamment utilisé un mélange de charbon vert et de charbon en janvier 2012.
La construction d’une usine de démonstration de 930 mètres carrés devrait débuter à l’été 2013. Cette installation sera entièrement fonctionnelle d’ici la fin de l’année, et elle permettra de produire de plus grandes quantités de charbon vert afin que d’autres entreprises industrielles effectuent des essais.
Dans un premier temps, M. Bertrand croit que le charbon vert pourrait être une option tout à fait appropriée dans les usines de bitume, qui sont équipées de brûleurs à tambour pouvant être alimentés à la biomasse. Dans cette industrie, M. Bertrand estime que le coût de l’énergie serait de 10 $ par gigajoule (GJ), un prix qui peut concurrencer celui du mazout lourd et du mazout léger habituellement employés au Québec. De plus, M. Bertrand mentionne que, comme la quantité de carbone s’élève à environ 80 p. 100, la matière torréfiée pourrait remplacer le coke métallurgique. « Le charbon vert produit à partir de carbone pourrait être une solution compétitive pour l’industrie métallurgique du Québec. »
Technologies du développement durable Canada (TDDC) a fourni les fonds pour l’usine de démonstration tandis que l’usine-pilote a été financée par le
programme Investissements dans la transformation de l'industrie forestière du Service canadien des forêts, Ressources naturelles Canada et des partenaires de projet tels que Comact Equipment Inc.
Source : Ressources naturelles Canada. «Airex Énergie construit une usine-pilote de torréfaction de la biomasse à Laval, au Québec»,
Bulletin L'Enjeu PEEIC - Mai 2013 Vol. XVII, No. 7