De la biomasse pour remplacer le charbon
Étapes
Sylvain Bertrand mentionne que le projet a été déployé par étape. En 2010, ils ont commencé avec un prototype qui produisait 25 kg/heure, puis ils ont conçu une unité pilote de 250 kg/heure en 2013 à Laval aujourd’hui déménagée au CTRI à Rouyn-Noranda. Enfin, l’usine de démonstration de 13 000 pieds carrés, basée à Bécancour, possède une capacité de deux tonnes/heure. Chaque fois, ils ont fait une mise à l’échelle de 10 fois la capacité. «C’est grâce à l’unité de 250 kg/heure qu’on a pu développer l’unité de deux tonnes à l’heure parce qu’on a opéré la première durant trois ans. On a pu ainsi apprendre, corriger, améliorer le système avant de passer à l’étape subséquente», note-t-il. L’apprentissage se poursuit avec l’usine de démonstration. «Ça va bien même si l’on a eu quelques problèmes au démarrage. Le CarbonFX n’est qu’un équipement parmi d’autres à l’usine. Il a fallu s’ajuster avec les convoyeurs, le broyeur et les silos en plus de voir à l’automatisation de l’usine. Aussi, nous avons dû apprendre à faire des granules, c’est-à-dire à densifier le biocharbon, ce que nous ne faisions pas à Laval», indique-t-il. La densification du biocharbon en granules est nécessaire notamment pour réduire les coûts de transport. Le directeur général ajoute qu’il leur faudra entre 12 et 18 mois de mise en route de l’usine avant d’optimiser la performance et fonctionner dans un mode de 24h/24h, 7 jours sur 7. Présentement, ils sont en opération quatre jours par semaine, 10 heures par jour. Airex Énergie utilise de la biomasse forestière pour son projet. La compagnie achète de la sciure et du bois de recyclage. «La taille de notre usine est relativement petite ce qui ne cause pas de problème pour l’approvisionnement en biomasse. À terme, on peut produire 15 000 tonnes de granules de biocharbon ou 30 000 tonnes par année de granules non torréfiées», souligne-t-il.Applications
Outre le remplacement du charbon, les applications pour le biocharbon sont multiples. Selon le taux de carbonisation choisi, on peut produire autre chose qu’un combustible. «Ça peut être une source de carbone qui est utilisée dans différents types de procédés. Ça peut être utilisé dans des procédés métallurgiques en remplacement de coke de pétrole ou dans des matériaux plastiques. Il devient alors un biocomposite», énumère Sylvain Bertrand. Une autre possibilité serait pour le traitement des sols. Le biocharbon est un produit en émergence qui aide à amender les sols et à traiter des terrains contaminés. Les avenues sont multiples. Airex Énergie collabore à 10 projets de recherche pour trouver des applications pour le biocharbon. M. Bertrand sent beaucoup d’intérêt pour leur produit. Plusieurs provinces et États américains ont voté des législations pour bannir le charbon. Le biocharbon représente donc une alternative propre et peu coûteuse. Leurs clients potentiels sont surtout aux États-Unis. Ils répondent à des appels de proposition pour faire des tests dans des centrales thermiques au charbon américaines. Au Québec, il y a moins de possibilités. Seules les cimenteries et quelques usines métallurgiques utilisent le charbon. Reste qu’il y a d’autres étapes à franchir avant d’approvisionner une centrale thermique. Ils discutent d’ailleurs avec une centrale thermique sur la côte ouest américaine. Celle-ci brûle chaque jour 8 000 tonnes de charbon qu’il faudrait remplacer par 8 000 tonnes de biocharbon. «Pour nous, ça représente six mois de travail et eux consomment l’équivalent en une journée!», informe-t-il.Prochaines étapes
Airex Énergie poursuivra la mise en route encore six mois avant de passer en mode 24h/24, 7 jours sur 7. L’objectif par la suite est de commercialiser la technologie CarbonFX. «On a déjà commencé à soumissionner sur des projets au Canada et aux États-Unis. Les clients de cette technologie-là sont les usines de sciage qui génèrent des résidus et qui doivent trouver des débouchés. On cherche des entreprises qui souhaitent essayer ou implanter un CarbonFX dans leurs opérations. Ainsi, il pourrait vendre du biocharbon», avance M. Bertrand. La technologie pourrait être achetée et employée ailleurs dans le monde comme en Indonésie pour les résidus de l’huile de palme ou le Midwest américain pour le maïs. «Toutes les matières organiques peuvent être torréfiées et transformées en combustible», soulignet-il. Le directeur général veut également faire croitre l’usine de Bécancour afin de desservir le marché nord-est du Canada et des États-Unis.Guy Veilleux, Vice-président ingénierie, Serge Turcotte, opérateur, Pier-Alexandre Hould, opérateur, Philippe Lavoie, mécanicien, Éric Landry, directeur d’usine
Bureau chef
2500 Bernard-Lefebvre Street
Laval, Québec, Canada, H7C 0A5
450.328.3864
Usine de Bécancour
103-4170 boul. La Prade
Bécancour, Québec, Canada, G9H 0B6